Hello les canards de l’IA,
C’est Lucas 🦆
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Il y a un sujet que personne ne creuse sérieusement.
Et pourtant, il est central.
Parce qu’il détermine si tu progresses ou si tu stagnes avec ChatGPT, même si tu prompts tous les jours.
👉 Ce sujet, c’est ce que l’IA fait à ton cerveau.
Et surtout : ce que ton cerveau fait avec l’IA sans te demander ton avis.
Aujourd’hui, on ne va pas parler de super-intelligence, de singularité ou de machines conscientes.
On va parler de psychologie cognitive, de neuroéconomie mentale, et de productivité réelle.
Parce que mal utilisée, l’IA n’aide pas. Elle dérègle.
I. Ce que personne ne te dit sur l’IA
Tu crois utiliser ChatGPT.
Mais plus précisément, tu dialogues avec une machine à produire du texte convaincant, dans un langage fluide, bien structuré, qui mime l’expertise.
Et ce que ton cerveau fait en retour, c’est ça :
“C’est clair. C’est rapide. Ça semble intelligent. Je valide.”
Et tu passes à autre chose.
Sauf qu’en faisant ça, tu court-circuites les trois fonctions fondamentales de la cognition :
L’analyse (penser par soi-même)
La mémorisation (retenir ce qu’on comprend)
La capitalisation (structurer un apprentissage réutilisable)
Ton cerveau ne lutte pas contre la réponse.
Il ne compare pas, il ne questionne pas, il ne relie pas à ce que tu sais déjà.
Il consomme. Et oublie.
Pire : ton cerveau confond clarté et vérité. Il se fait avoir par le style. Comme s’il validait une équation parce que les chiffres sont bien alignés.
II. Pourquoi c’est si dangereux : la logique des biais amplifiés
Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux.
Ils sont des stratégies automatiques que le cerveau active quand il veut aller vite.
En temps normal, on les repère (parfois).
Mais avec l’IA, ils sont renforcés par trois facteurs :
La fluidité syntaxique : le texte est propre → tu ne doutes pas
La disponibilité permanente : plus besoin de chercher → tu ne confrontes pas
La passivité du dialogue : tu poses la question → tu obtiens une réponse → tu ne reformules pas
Résultat : ton cerveau prend l’habitude de valider sans effort.
Et plus tu prompts, plus tu désapprends à penser.
III. Les 5 biais majeurs activés par l’IA (et ce qu’ils détraquent chez toi)
Voici les biais que j’observe en formation, chez les clients, et parfois chez moi.
1. Le biais de fluidité cognitive
“C’est agréable à lire = c’est forcément pertinent.”
C’est faux.
Ce n’est pas parce que c’est bien écrit que c’est bien pensé.
Mais ton cerveau adore ça.
Il traite le texte comme un signal de vérité.
Conséquence :
Tu ne cherches plus les failles.
Tu n’évalues plus la profondeur du raisonnement.
Tu copies-colles une “réponse propre”, mais qui ne fait pas avancer le fond.
2. L’effet IKEA
“J’ai modifié un peu, donc c’est ma création.”
Tu t’attaches à des prompts moyens parce que tu les as bricolés toi-même.
Même s’ils ne sont pas réutilisables.
Même s’ils produisent 5/10 en sortie.
Tu deviens émotionnellement attaché à ta propre sous-performance.
Conséquence :
Tu ne détruis pas ce qui est bancal.
Tu n’optimises pas.
Tu t’endors sur une version “acceptable”.
3. Le biais de comparaison descendante
“C’est mieux que ce que j’aurais écrit moi-même.”
C’est la justification préférée des gens qui se contentent d’un résultat médiocre.
Mais le but n’est pas de faire “mieux que toi”.
Le but est de faire aussi bien ou mieux que ce qui te ferait gagner vraiment du temps, de l’impact, ou de l’argent.
Conséquence :
Tu vises le “pas mal” au lieu de l’excellence.
Et tu bloques ta progression invisible.
4. Le biais de récence émotionnelle
“Les dernières réponses étaient nulles → je lâche l’outil.”
Tu as eu deux mauvais outputs → tu arrêtes.
Tu oublies les 10 précédents bons.
Tu juges sur l’émotion immédiate.
Conséquence :
Tu perds en régularité.
Tu reviens au manuel.
Tu ne construis jamais de système solide.
5. Le biais d’autorité inversée
“C’est moi l’humain, donc je sais mieux.”
C’est le biais le plus inconscient.
Tu refuses de te laisser challenger.
Tu rejètes des réponses IA par réflexe de fierté.
Mais ce n’est pas parce que c’est écrit par une machine que c’est moins bon.
Et ce n’est pas parce que ça vient de toi que c’est juste.
Conséquence :
Tu fermes la porte à la confrontation fertile.
Tu refuses d’explorer des angles contre-intuitifs.
Et tu te retrouves à protéger ton ego plutôt que d’augmenter ton niveau.
IV. Les symptômes à repérer dans ta pratique
Pose-toi ces 5 questions.
Si tu réponds “oui” à 2 ou plus → tu prompts mal mentalement, même si tes consignes sont claires.
Est-ce que tu copies-colles souvent une réponse sans l’avoir reformulée toi-même ?
Est-ce que tu t’attaches à certains prompts que tu n’as jamais vraiment optimisés ?
Est-ce que tu te dis “c’est pas fou, mais c’est mieux que rien” ?
Est-ce que tu arrêtes de prompter après 2 ou 3 mauvaises réponses ?
Est-ce que tu te dis “je vais le faire moi-même, ça ira plus vite” sans tester à fond l’IA ?
👉 Ce sont des signaux forts que tes biais te gouvernent.
Et que tu n’es plus dans une pratique lucide.
V. Comment reprendre le contrôle (sans te faire avoir par ton propre cerveau)
1. Ne valide jamais sans reformuler
Tu ne peux pas expliquer la réponse comme si tu l’avais écrite ?
Tu ne la comprends pas.
Donc tu ne dois pas la garder.
À faire :
→ Résume chaque réponse IA comme si tu l’expliquais à un collègue.
2. Itère systématiquement
Un prompt = 3 variantes.
Toujours.
Tu veux de la qualité ? Tu dois créer de la comparaison.
Pas d’amélioration sans test A/B.
À faire :
→ Change le format, la contrainte ou le ton.
→ Compare objectivement la qualité de chaque sortie.
3. Note les biais que tu détectes
Crée une grille simple :
Quel biais ?
Quelle situation ?
Quelle conséquence ?
Quelle correction testée ?
À faire :
→ 5 minutes à la fin de chaque session IA pour noter une fois.
→ Au bout de 3 semaines, tu verras apparaître tes angles morts récurrents.
4. Ne garde que ce qui peut aller dans un livrable
Tu veux savoir si un prompt est bon ?
Demande-toi : “Est-ce que je peux coller cette réponse dans un livrable réel ?”
Si oui → bon prompt.
Si non → brouillon.
VI. Résumé à retenir (et à garder)
✔️ L’IA n’est pas dangereuse, mais mal utilisée, elle affaiblit tes circuits cognitifs clés.
✔️ Les biais cognitifs ne sont pas des défauts, mais des ennemis silencieux quand tu les ignores.
✔️ Progresser avec l’IA, c’est pas produire plus. C’est penser mieux, plus vite, et de façon plus consciente.
Contenu bonus de la semaine
1) Kruti
Kruti est une IA agentique multilingue capable d’exécuter des tâches du quotidien comme commander un repas, payer des factures, réserver un taxi ou générer des images (13 langues prises en charge dès le lancement).
Sous le capot, elle orchestre plusieurs agents simultanément pour accomplir une requête utilisateur, avec plus de 90 % de précision. Elle mémorise le contexte et propose des suggestions personnalisées. Bref, elle ne fait pas que répondre : elle agit.
2) Veo 3
Vous avez vu passer des vidéos chelou sur Insta ou Twitter récemment ?
Genre des vlogs avec des singes, des faux micro-trottoirs, etc.
➡️ C’est sûrement Veo 3, la nouvelle IA de Google sortie en mai 2025.
Tu tapes un prompt, et ça te pond une vidéo complète.
C’est un outil de malade pour les créateurs, les formateurs, les storytellers...
Et probablement l’origine de 80 % des vidéos bizarres que tu vois depuis un mois.
Lien (accès sur demande)
3) Claude Opus 4 & Sonnet 4
Anthropic a dévoilé en mai ses nouveaux modèles Claude Opus 4 et Claude Sonnet 4 dans le cadre de la mise à jour Claude 4
Ces modèles apportent :
un raisonnement de niveau supérieur avec « extended thinking with tool use », capable de passer de processus internes à des recherches externes
l’exécution parallèle d’outils, une mémoire enrichie, et une meilleure compréhension des consignes complexes.
Opus 4 peut créer des fichiers mémoire pour garder le contexte, Sonnet 4 facilite les workflows agentiques.
À la semaine prochaine.
Garde l’outil. Mais garde surtout ta lucidité.
Lucas 🦆
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